à mort !
(d'après le dernier jour d'un condamné de V. Hugo)
adaptation DE Thierry Paillard
mise en scene par valerie barral
Présentation
"Condamné à mort
Eh bien pourquoi non
Les hommes sont tous condamnés à mort avec des sursis indéfinis
Qu'y a-t-il donc de si changé à ma situation
Depuis l'heure où mon arrêt m'a été prononcé
combien sont morts qui s'arrangeaient pour une longue vie
Et puis qu'est-ce que la vie a donc de si regrettable pour moi
Ah!"
Le monologue d'un homme dans le couloir de la mort, c'est ainsi que la compagnie a adapté (très légèrement) le texte de Victor Hugo.
résumé
«A mort» Victor Hugo toujours d'actualité !
Qu'est ce qui vous a poussé à adapter ce texte de Victor Hugo au théâtre ?
C'est un texte qui me fascine depuis bien longtemps déjà mais le déclic s'est produit quand j'ai rencontré Christian Cabane, délégué régional de la ligue des Droits de l'homme. En discutant avec lui, j'ai vraiment pris conscience quece texte avait une dimension très actuelle et c'est justement cet aspect que j'ai voulu mettre en valeur dans cette adaptation.J'ai volontairement épuré toutes les références historiques pour que le public se sente vraiment concerné et fasse le lien avec ce qui se passe encore aujourd'hui dans le quotidien des prisons.Comment avez-vous bâti cette adaptation ?
Beaucoup de gens m'ont dit que c'était une pièce très «cinématographique». J'ai volontairement gardé les extraits du texte tels quels mais je les ai «montés» comme s'il s'agissait de rushes d'un film. Plutôt que d'avoir un public voyeur qui va assister à une exécution,on assiste à une sorte de dialogue, comme si le condamné était questionné par un témoin, un militant associatif, voire même interviewé par un journaliste.
Ce texte est avant tout un plaidoyer contre la peine de mort. Comment le relier à l'actualité en France alors que la peine capitale a été abolie en 1981?
Justement, il me semble essentiel de continuer à militer pour son abolition dans les pays où elle est en vigueur. Cette adaptation va d'ailleurs faire l'objet d'un téléfilm qui devrait être tourné en octobre et que j'ai bien l'intention de faire traduire en plusieurs langues, notamment pour qu'il puisse être vu en Chine,en Iran ou aux Etats-Unis. Mais en plus de la peine de mort, le texte d'Hugo dépeint aussi l'univers carcéral. A ce sujet la France n'a de leçons à donner à personne. La situation des prisons françaises a même été montrée du doigt par Amnesty international.Ça vous rend fier, ce genre de réactions ?
C'est sûr que je pourrais très bien me contenter de dire: «c'est bien, on a fait du bon boulot.» Mais le fait d'avoir pu échanger avec ces gens-là m'a surtout motivé plus que jamaisà continuera jouer cette pièce encore et encore, même si elle tourne déjà depuis 2003.
Vous avez aussi fait beaucoup de séances scolaires. Comment les jeunes ont-ils réagi ?
On appréhende souvent un peu avant déjouer devant des lycéens, on a peur d'entendre sans arrêt de sonneries de portables et des claquements de chewing-gum mais pour le coup, j'ai eu pratiquement à chaque fois un silence religieux pendant une heure de spectacle. Une fois, une jeune fille m'a dit: «en fait c'est comme si Victor Hugo avait écrit ça aujourd'hui».Tout le propos de la mise en scène est d'alerter le public sur l'actualité de ce texte et des problématiques liées à ce sujet.
Vous organisez à chaque fois des débats en plus des représentations. Comment le public réagit-il à ce sujet ?
Le plus touchant, c'est quand les familles de détenus nous racontent leur douleur. Il y a même des gens qui sortent de longues peines et qui nous disent: «c'est exactement ça, c'est vraiment ce que l'on vit». C'est un peu étrange pour moi parce que je suis juste un acteur et après je redeviens un citoyen. Je n'ai absolument pas vécu ça, je ne sais pas ce que c'est que la prison et pourtant ils me disent que ça correspond tout à fait à ce qu'ils ont vécu.